Vin Dieu ? Pourquoi ce nom ?

Laissez-moi vous raconter une histoire.
Vin dieu

L’ambiance est terrifiante, les musiciens jouent la mélodie comme si le dernier jour avait sonné. La foule se déplace en va et vient, une foule unie et désunie. Ça tourne autour de moi… Ce désordre organisé me frappe comme la vague cogne le rocher… Encore et encore …

L'eau en vin
Les Noces de Cana par Véronèse, vers 1563

Mes tempes battent le rythme comme John Bonham sur sa batterie. La main dans les cheveux, je me retourne. Je vois Alexandre assis sur un bout de tabouret à quelques mètres. Il bringuebale.

Il vacille.

Il tangue.

Vous le voyez ? Regardez-le !

Le grand Alexandre ! Le bel Alexandre ! Lui qui d’habitude règne sur les soirées et les bals comme le capitaine sur son navire. Il est sur le même radeau que moi, traversant la même tempête.

Pourtant tout autour c’est une autre pièce qui se joue. Les gens sont hilares. Ils dansent. Ils chantent, se frottent en cadence. Je les connais tous mais je ne les reconnais pas. Un amas d’humains, une horde de noctambules et de troubadours. Toutes les couleurs et tous les sons se mélangent en une écume épaisse. Cette fête puisque s’en est une, m’est étrangère. Je ne la vis pas. Je bois la tasse.

Soudain !

Un fracas assourdissant me ramène à la surface.

Je reprends mon souffle.

Alexandre est affalé sur le sol. Il a emporté dans sa chute une énorme jarre en pierre brisée sous l’impact. Le sang coule à flot ! Il se répand partout comme les tentacules d’une méduse.

Des cris parviennent de ci de là, depuis les balcons surplombant l’assemblée.

Le vin ! Vingt Dieux ! Le vin …

Ce n’est pas du sang mais bien le vin des noces qui ruissellent sur les pavés. Alexandre dans son naufrage a détruit toute la cargaison de pinard qui restait pour finir le repas.

Un seul homme dans tout ce vacarme reste calme et serein. Je le remarque alors par sa différence et son immobilité.

Assis au milieu de la tablée, il se dresse.

Le silence gagne alors la foule comme la nuit gagne le jour. Il est vêtu d’une tunique rouge sang surmontée d’une étoffe bleue Océan.

Il chuchote :

Remplissez ces trois jarres d’eau, il en adviendra du vin.

Miracle ! L’eau rougeoie en un instant et se transforme alors en vin.

Je m’effondre enivré essayant de me relever en vain.

Fin de l'histoire vin dieu

Finis les histoires …

Vous voulez savoir si on dit Vin Dieu, Vingt Dieux ou Vain Dieu ?

Voilà ce qu’on peut appeler une expression franchouillarde ! Un juron qui à une autre époque devait sonner blasphème tant la religion était sacrée. Aujourd’hui on l’entend encore, surtout chez nous en Bourgogne. C’est une exclamation évoquant l’admiration, la joie, la surprise, la colère ou l’étonnement.

Le nom de ce blog repose donc sur une erreur ! Et oui la réponse n’est pas « Vin Dieu » vous l’aurez compris. 😉

L’orthographe Vain Dieu, elle, se serait répandu par erreur sans jamais être validée officiellement. Vain Dieu est alors utilisé pour jurer sur l’inexistence de dieu. Mais c’est une erreur !

Vous avez donc la réponse … Cette expression repose sur le blasphème d’évoquer plusieurs dieux. Ça s’écrit donc bien Vingt dieux !

Le fait d’évoquer plusieurs dieux était très grossier et plus ou moins interdit. Braver l’interdit étant la base commune de la plupart des jurons…

« Vingt Dieux vous l’avez aimé cet article ? »

2 réflexions sur “Vin Dieu ? Pourquoi ce nom ?”

  1. Leboeuf Ralphe

    Oui, j’ai aimé cet article. Spontanément, j’aurais écrit « vains ». Bon, à présent j’ai la bonne réponse. MERCI.
    Ralphe

    1. Bonjour Ralphe,
      Merci pour votre message,
      C’est fou mais les messages provenant du blog étaient bloqués,
      Je ne vois le vôtre que maintenant.
      Content que cela vous ait plu

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